mercredi 3 juillet 2013

PARFUMS




Définition:

Les parfums, tels qu'ils sont connus et utilisés, sont des solutions alcooliques plus ou moins concentrées de substances odorantes volatiles. D'où la dénomination de « parfumerie alcoolique » donnée à cette branche de la cosmétologie.




Historique : 

L'usage du parfum remonte à la plus haute antiquité. Il s'est développé principalement sur le pourtour méditerranéen au gré des civilisations successives parce que les principales matières premières odorantes s'y trouvaient en abondance. Les Égyptiens connaissaient les baumes, les gommes et certaines huiles issues de la pyrolyse du bois (encens, myrrhe, galbanum, styrax, huile de cèdre ou de réséda). Ces substances étaient utilisées principalement pour les embaumements, en association avec du bitume et pour les rites religieux mais revêtaient parfois un aspect profane. L'encens a traversé les siècles comme symbole religieux et toutes les civilisations méditerranéennes l'ont employé largement. Les essences issues des fleurs, feuilles ou écorces ont été introduites peu à peu. D'abord extraites par macération dans l'huile, l'eau ou le vin, elles n'ont acquis leur véritable dimension odorante qu'à partir du XIIIe siècle lorsque apparaît la distillation d'une huile essentielle recueillie comme telle (et non plus seulement d'une eau florale) réalisée par le médecin catalan Arnold de Villanova. Elles ont apporté un caractère plus raffiné aux mélanges et l'on a pu observer au cours du temps l'alternance des parfums typiquement orientaux riches en odeurs lourdes très couvrantes et des « eaux de senteur » plus légères et peu tenaces. 
Les parfums actuels sont de subtiles compositions d'éléments d'origines diverses, aussi bien végétale ou animale que synthétique et les notes parfumées changent avec les modes et les goûts du public.




Composition :



Un parfum est constitué d'un mélange de produits d'extraction d'origine naturelle, le plus souvent végétale et de substances synthétiques. Les matières premières d'origine animale sont de moins en moins employées par suite de leur prix extrêmement élevé (musc, ambre gris) ou des campagnes de protection des animaux (castoréum, civette). Le mélange de base ou « composition » comprend environ 25 % de notes de tête correspondant aux produits les plus volatils (ce sont ceux-là qui fourniront la première impression olfactive), 25 % de notes de coeur, plus tenaces et 50 % de notes de fond appelées aussi fixateurs, représentées par les baumes, les gommes, les « infusions » d'origine animale ou certains synthétiques. 
Les notes de fond disparaissent lentement. Elles imprègnent la peau et les vêtements. 
La « composition » est ensuite diluée dans l'éthanol à 96 % dans des proportions diverses en fonction du type de produit désiré. 
Un « extrait » contient environ 18 à 20 % de « composition », une « eau de parfum » en contient de 12 à 16 %, une eau de toilette, de 8 à 10 %. Les eaux de Cologne ne contiennent que 2 à 4 % de mélanges spécifiques, différents des « compositions » de parfums. 
Au point de vue chimique, les produits d'extraction sont constitués en majeure partie de terpènes et de dérivés terpéniques ; alcools, aldéhydes, cétones (menthène, pinène, bornylène sont des terpènes). Les sesquiterpènes, dérivés naphtaléniques (cadinène, santalène, caryophylène) sont contenus surtout dans les huiles essentielles visqueuses issues de bois ou de racines. Les polyterpènes sont les constituants des résines et des baumes. On peut aussi identifier des hydrocarbures aliphatiques, des carbures aromatiques, des phénols, des composés azotés ou soufrés. 
Les produits d'extraction, huiles essentielles ou « absolues » sont toujours des mélanges de plusieurs dizaines de constituants. Leur identification analytique est affaire de spécialiste et s'obtient généralement par chromatographie en phase gazeuse avec système dit de « head space ». Ce système permet de concentrer l'échantillon en tête de colonne par augmentation de la température dans une chambre spéciale avant l'injection. Les colonnes utilisées sont des colonnes dites capillaires dont la longueur peut atteindre 25 m mais dont le diamètre est seulement de 1 mm. 
Il est parfois intéressant de se débarrasser de certains composants en particulier des terpènes, connus pour être allergisants. Il existe donc des huiles essentielles déterpénées dans lesquelles les terpènes ont été éliminés soit par distillation fractionnée (les terpènes ont des points d'ébullition inférieurs à ceux des autres constituants) soit par différence de solubilité dans l'alcool (les terpènes sont peu solubles dans l'éthanol). D'autres substances telles les furocoumarines sont aussi indésirables. L'essence de bergamote par exemple, contient du bergaptène ou 5-méthoxypsoralène, substance éminemment photosensibilisante. Il est possible d'obtenir des huiles essentielles de bergamote exemptes de furocoumarine sans que la qualité odorante soit sensiblement modifiée. C'est pourquoi, actuellement, la recherche des furocoumarines dans les parfums (par chromatographie en phase liquide haute performance) se révèle, dans la plupart des cas, négative. 
Les substances d'origine synthétique sont des molécules isolées, individualisées, plus facilement décelables. On y trouve des aldéhydes linéaires, des lactones, des cétones aromatiques telles que le lyral ou 3 et 4-(4-hydroxy-4-méthylpentyl) -3-cyclohexène-1-aldéhyde, l'Ambrox , les muscs synthétiques. Elles sont très bien caractérisées à l'état pur, toujours plus difficilement lorsqu'elles sont mélangées à des produits d'extraction. Leur tolérance est contrôlée systématiquement et il est rare qu'elles soient à l'origine de réactions manifestes.



Extraction :

L'extraction des substances naturelles s'adresse aux diverses parties des plantes : fleurs, feuilles, écorces, racines qui se trouvent à l'état frais ou sec. Elle est effectuée de trois façons différentes.



Hydrodistillation :

L'hydrodistillation ou entraînement par la vapeur est la technique la plus ancienne. Mais les alambics, autrefois en cuivre, sont maintenant en acier inoxydable et l'on y admet parfois de la vapeur sous pression ce qui augmente considérablement la vitesse de distillation. Elle est généralement mise en oeuvre sur des parties de plante fraîche (fleurs et feuilles) mais peut aussi traiter des racines pulvérisées (iris, costus). Toutes les distillations sont « cohobées », opération qui consiste à recycler l'eau de condensation après séparation de l'essence, sauf celles qui produisent en même temps que l'essence une eau florale (oranger, rose, laurier-cerise...). Le rendement en huile essentielle est relativement faible, de l'ordre de 0,1 à 3 %. 

Extraction par solvants volatils :

Elle supplante de plus en plus souvent l'hydrodistillation. Les solvants sont généralement l'hexane, le cyclohexane ou le pentane. Le benzène n'est plus utilisé pour des raisons de toxicité de même que le toluène bien que ces solvants conduisent à un meilleur rendement. Le CO2 supercritique pourrait être le solvant de choix. En effet, le dioxyde de carbone soumis à forte pression devient liquide. Il agit alors comme solvant d'extraction. Une remise à la pression atmosphérique le fait passer à l'état de gaz qui s'élimine sans résidu et peut être recyclé. Le coût de l'opération limite cependant son utilisation. 
Dans tous les cas, les plantes sont immergées totalement dans le solvant à froid sauf pour les graines, les lichens et les racines où l'extraction est réalisée à chaud dans les solvants classiques. Le temps de contact est d'environ 30 minutes, après quoi le solvant initial est soutiré et remplacé par une deuxième charge puis une troisième à leur tour soutirées. La plus grande partie du solvant est évaporée et recyclée. On recueille une solution concentrée distillée sous vide. Il reste une pâte, liquide à chaud appelée la « concrète » lorsqu'elle est issue des matières florales, ou le résinoïde brut lorsqu'elle provient des matières sèches. 

Extraction par solvants non volatils :

Elle utilise des corps gras dans lesquels sont solubles la plupart des substances volatiles et odorantes. C'est une technique très ancienne dans laquelle on mélange 30 % de suif à 70 % d'axonge (graisse de porc) additionnés de teinture de benjoin qui sert d'antioxydant. Dans l'extraction à chaud (50 à 70 °C), les plantes sont mélangées à la graisse fondue et barattées pendant 15 à 60 minutes (fleur d'oranger, rose de mai). L'extraction à froid s'appelle « l'enfleurage », technique réservée aux fleurs très fragiles (jasmin, tubéreuse) que l'on pique dans la graisse qui recouvre les deux faces de châssis empilés les uns sur les autres sur 3 ou 4 mètres de haut. L'essence très fine se fixe dans la graisse. 
Dans les deux cas, on obtient des pommades. 

Expression à froid :

Elle est réservée aux agrumes par suite de la localisation superficielle de l'essence. Il s'agit d'un procédé mécanique dans lequel le fruit entier est placé dans des tambours rotatifs munis de pointes en acier qui déchiquètent le péricarpe. L'huile essentielle est entraînée par de l'eau, le mélange est centrifugé et l'on recueille directement une huile essentielle extrêmement naturelle et pure.



Purification :

Alors que l'hydrodistillation et l'expression fournissent une huile essentielle directement utilisable, les procédés d'extraction par solvants conduisent à des produits qu'il est nécessaire de purifier car ils ne sont pas solubles dans l'alcool. On procède donc à une opération dite « glaçage à l'alcool » qui consiste à dissoudre les concrètes, les résinoïdes ou les pommades dans une grande quantité d'éthanol et à refroidir l'ensemble à -15 °C. Les cires et les produits indésirables se solidifient. Ils sont séparés par filtration. On obtient ainsi des « absolues », des résinoïdes lavés et des concrètes de pommade.



Conservation :

Les parfums, compositions volatiles, sont très sensibles aux variations de température. Lorsque la température augmente, les notes de tête disparaissent dénaturant ainsi l'odeur finale. Les molécules insaturées telles que les terpènes et leurs dérivés sont éminemment oxydables d'où une sensibilité particulière à la lumière et à la chaleur. Pour éviter les phénomènes de peroxydation, il est admis d'introduire dans les mélanges des antioxydants tels que le BHT par exemple. 
Les parfums évoluent avec le temps, d'une part en raison de l'évaporation progressive des substances les plus volatiles, d'autre part, par suite des peroxydations et des polymérisations qui conduisent à une résinification des composants.



Parfumage des produits cosmétiques :

Les « compositions » parfumées sont généralement liposolubles ce qui leur permet de s'intégrer directement à la plupart des émulsions et des produits anhydres. En revanche, les produits aqueux (gels, lotions) ne peuvent contenir que des parfums solubilisés par l'intermédiaire de tensioactifs hydrophiles de type non ionique dont la concentration est 2 à 5 fois celle du parfum. 
La composition est choisie en fonction de la nature et de la destination du produit à parfumer. Il est particulièrement important de connaître les incompatibilités entre les parfums et les actifs (aldéhydes et fonctions amines forment des bases de Schiff colorées). Certains composants sont thermolabiles et/ou sensibles à la lumière. Beaucoup de dérivés terpéniques sont oxydables. 
Les concentrations utiles varient de 0,1 % (produits pour bébé, antisolaires, produits pour homme) à 4 % (body lotion), mais plus généralement de 0,1 à 1 % pour la plupart des produits. Les dilutions dans l'alcool, à l'origine de la parfumerie dite alcoolique ne sont jamais utilisées pour le parfumage des produits cosmétiques.



Tolérance :

La tolérance et la toxicité des composants des parfums sont contrôlées par le Research Institute for Fragrance Materials (RIFM), organisme de recherche international qui rassemble des pharmacologues, toxicologues et dermatologues mais aussi des industriels. Cet organisme publie plus particulièrement dans la revue Food and Chemicals Toxicologyles différentes études à sa disposition. Certaines matières premières ont été reconnues toxiques et sont interdites par la législation (Cf. infra). L'International Fragrance Association (IFRA), réunion des associations nationales des fabricants de 13 pays d'Europe plus États-Unis, Japon et Australie, publie régulièrement des listes de substances interdites ou dont les concentrations sont limitées en s'appuyant généralement sur les travaux du RIFM. 
Les composants d'un parfum sont solubles dans l'éthanol ou dans les corps gras. De ce fait, il leur est facile de se fixer sur la peau par l'intermédiaire du film lipoprotéique cutané. C'est ce pouvoir de fixation qui va favoriser l'apparition des réactions d'irritation ou des réactions allergiques, en particulier par suite de la diffusion des haptènes dans le ciment intercellulaire du stratum corneum. 
Les éléments les plus réactifs d'un parfum tant au plan chimique que pharmacologique sont les terpènes et les dérivés terpéniques. Certains ne sont pas indispensables au développement des propriétés odorantes c'est pourquoi il serait préférable d'utiliser dans la mesure du possible des essences déterpénées. Par ailleurs, les études de tolérance cutanée portant sur la réactivité des terpènes sont très insuffisantes et il est, à ce jour, pratiquement impossible d'attribuer avec certitude un rôle bien défini à telle ou telle substance. Il en est pour preuve la composition du « fragrance mix» utilisé pour la révélation des réactions cutanées de type allergies de contact. Il s'agit en effet d'un mélange de huit substances, chacune à 1 % dans la vaseline à savoir : alcool cinnamique, aldéhyde cinnamique, eugénol, hydroxycitronellal, α-amylcinnamaldéhyde, géraniol, isoeugénol, absolue de mousse de chêne. Des études anciennes mais aussi récentes ont démontré la capacité allergisante de l'aldéhyde cinnamique, du citral et du phénylacétaldéhyde, de la mousse de chêne, de l'eugénol pris isolément . Mais lorsque ces substances sont mélangées à des terpènes ou des alcools présents dans les essences naturelles, on observe une inhibition de l'expression de la sensibilisation. Les inhibiteurs de l'aldéhyde cinnamique seraient l'eugénol et le d-limonène, ceux du citral seraient l'α-pinène, le d-limonène et les terpènes d'agrumes, ceux du phénylcétaldéhyde seraient l'alcool phényléthylique et le dipropylène glycol. D'où probablement les quelques faux positifs constatés avec le fragrance mix et les réactions très variables fournies par les composants de parfums . 
Toutefois, un certain potentiel irritatif est attribué à beaucoup d'aldéhydes, de cétones (dont la méthylionone), de phénols (dont le méthylisoeugénol), de lactones (dont la coumarine). Certains alcools sont à éviter : l'alcool anisique, l'alcool cinnamique. Les acétates de bornyle, de phényléthyle, de linalyle, de menthyle sont suspects. Les essences de lavande, de cannelle, l'huile essentielle de santal sont irritantes. 
D'autres substances sont principalement allergisantes ou photosensibilisantes à l'état pur. Ce sont des composés d'origine synthétique ou contenus dans les huiles essentielles naturelles. L'hydroxycitronellal, le géraniol, le bergaptène, le benzoate de coniféryle mais aussi le benzoate et cinnamate de benzyle sont les premiers produits en cause et leur capacité de nuisance est liée à la durée de contact avec la peau. Parmi les essences naturelles, on peut citer les huiles essentielles d'amande amère, de bergamote, de cèdre, de citronnelle, d'iris, d'hespéridées et d'ylang-ylang. 
Des baumes sont également en cause, en particulier le baume du Pérou et le benjoin à l'origine de réactions d'hypersensibilité retardée. 
Un certain nombre de plantes sont responsables de photosensibilisations : angélique, céleri, persil, livèche, grande berce, panais, rue, qui fournissent des huiles essentielles également photosensibilisantes. 
Les réactions le plus souvent observées sont des dermatites plus ou moins aiguës sous forme de vésicules puis de bulles suivies d'une hyperpigmentation dans le cas des photosensibilisations. 
Toutefois, l'incidence des réactions demeure très faible, elle est, de plus, très variable. Une étude réalisée sur 5 ans dans les années 1980 et portant sur 281 000 patients de tous types révélait un pourcentage de seulement 0,018 % de dermites de contact attribuables aux parfums. 
Un risque toxique a été attribué à certains terpènes contenus dans des huiles essentielles faisant partie de la composition des parfums mais seulement dans le cas d'une utilisation thérapeutique et à des concentrations dépassant très largement celles que l'on peut rencontrer dans les parfums. Il s'agit en particulier du camphre, du menthol, de l'eucalyptol et du lévomenthol et des huiles essentielles d'eucalyptus, de niaouli, de cajeput, de menthe qui peuvent provoquer des manifestations neurologiques de type convulsions chez les nourrissons après application locale de spécialités pharmaceutiques contenant ces composés. Le mésusage de produits cosmétiques autres que les parfums (crèmes et huiles de massage, produits dits pour jambes lourdes) riches en huiles essentielles de ce type est à prendre en considération pour assurer la sécurité du consommateur.



Législation :

En dehors des réglementations particulières aux alcools et spécifiquement françaises, il existe à ce jour, une réglementation générale concernant les composants des parfums. En effet, certaines substances sont interdites à l'utilisation en cosmétique selon l'annexe II de la Directive Cosmétique Européenne 76/768/CEE modifiée et adaptée au cours des années (sept amendements et 33 adaptations). 
Ce sont : l'ammi majus, plante très riche en bergaptène (N° 35), le nitrobenzène autrefois utilisé comme substitut de l'essence d'amande amère (N° 249) sous le nom d'essence de mirbane, l'oléandrine ou nérioline extraite des feuilles du laurier rose (N° 261), l'eau distillée de laurier-cerise (N° 291) pour son contenu en acide cyanhydrique, le benzoate de coniféryle sauf teneur normale dans les produits naturels utilisés (N° 357), les furocoumarines dont le 5-MOP et le 8-MOP, sauf teneur normale dans les huiles essentielles naturelles utilisées avec une quantité inférieure à 1 mg/kg dans les crèmes solaires (N° 358), le safrol, sauf concentration normale dans les huiles essentielles naturelles à concentration inférieure à 100 ppm dans le produit fini (N° 360), le musc ambrette ou 4-ter-butyl-3-méthoxy-2,6-dinitrotoluène (N° 414), le musc moskène ou 1,1,3,3,5-pentaméthyl-4,6-dinitroindane (N° 421), le musc tibétène ou 5-tert-butyl-1,2,3-triméthyl-4,6-dinitrobenzène (N° 422). Les muscs polycycliques artificiels tels que l'AHTN ou 6-acétyl-1,1,2,4,4,7-hexaméthyltétraline et le HHCB [26] extrêmement utilisés en remplacement du musc naturel, et pour cette raison présents en quantité non négligeable dans l'environnement et le lait de femme, ont été particulièrement étudiés du point de vue toxicologique. Une récente revue du RIFM concernant tous les travaux réalisés au cours de ces dernières années leur attribue une innocuité totale tant au point de vue de la toxicité subchronique et de la génotoxicité que de la tolérance cutanée globale. 
Récemment, 29 composants de parfum ont été interdits à l'utilisation cosmétique (N° 423 à 451) On trouve parmi eux plusieurs dérivés de coumarine et le méthyleugénol entre autres. De plus, 26 substances réputées comme susceptibles de provoquer des réactions allergiques sont soumises à étiquetage spécial1 avec indication de leur présence lorsque leur concentration dans le produit fini est supérieure à 0,001 % dans les produits non rincés et à 0,01 % dans les produits rincés. Ces substances font partie de l'Annexe III de la Directive cosmétique (liste restrictive) sous les N° 67 à 92. On y trouve les principaux constituants du fragrance mix mais aussi linalol, farnesol, coumarine, citronellol... Le musk xylène (N° 96) et le musk ketone (N° 97) sont admis sauf pour les produits d'hygiène buccale mais à des concentrations bien définies dans les parfums (1 % pour le premier, 1,4 % pour le second), dans les eaux de toilette (0,4 % pour le premier, 0,56 % pour le second), dans les autres produits (0,03 % pour le premier, 0,042 % pour le second). 



Effets psychobiologiques des parfums : 

Un groupement de recherche a été constitué sur ce sujet en 1998. Il rassemblait une unité CNRS : l'Institut des sciences cognitives de Lyon et plusieurs laboratoires associés : le laboratoire de psychologie expérimentale de l'université Paris V ; le laboratoire de psychologie sociale de la cognition de l'université de Clermont-Ferrand II, le laboratoire de psychophysiologie cognitive et le laboratoire « personnalités et conduites adaptatives », hôpital de la Salpêtrière Université Paris VI, le laboratoire des neurosciences et des systèmes sensoriels Université Claude-Bernard Lyon I. Les recherches ont été soutenues par la Fédération des industries de la parfumerie et les Sociétés Bourjois-Chanel, Dior, L'Oréal, Yves Rocher. Elles concernaient plusieurs niveaux : un premier niveau : celui des effets directs sur le corps et surtout sur la peau, un deuxième niveau : celui des propriétés sensorielles, tactiles et olfactives essentiellement, un troisième niveau faisant intervenir la dimension sociale de l'usage des cosmétiques et des parfums. L'étude des effets sensoriels a été focalisée sur les relations visage-parfum et sur la perception que l'on peut avoir d'un visage lorsque sa forme est accompagnée d'un élément olfactif. 


Les résultats publiés pour l'instant portent sur l'étude du comportement de 19 jeunes hommes utilisant pour leur rasage des produits parfumés. Une diminution significative du rythme respiratoire et une augmentation de l'activité électromyographique ont été observées après l'application. De même, l'intensité des états émotionnels négatifs diminuait tandis qu'on observait une augmentation significative des descripteurs sensoriels positifs tels que : bonheur, contentement, plaisir, confiance. Des recherches ultérieures doivent élucider le processus mis en oeuvre : habitude ou apprentissage. 



« Nez électroniques » :



Comme le nez humain doté de près de 50 millions de cellules réceptrices qui transmettent leurs messages au cerveau chargé de les analyser, les nez artificiels sont constitués de capteurs nécessaires à la détection, reliés à un analyseur électronique, l'ordinateur. Mais là s'arrête la comparaison. À partir d'une base de données saisie lors de la phase d'apprentissage, l'ordinateur ne reconnaît, au plus, que quelques dizaines d'odeurs, mais de façon très fine puisque parfois indécelables ou difficiles à identifier par l'homme. Malheureusement, le nez artificiel est encore pour le moment réservé à l'identification des arômes. Son extrême sensibilité à l'alcool lui interdit d'identifier de façon convenable les parfums. Les principaux fabricants de nez électroniques sont le français Alpha Mos, les britanniques Aromascan et Neotronics, l'allemand Mita. 



Quelques composants végétaux :

Benjoin ou styrax tonkinensis : c'est le benjoin du Laos dit « de Siam » . On utilise la sève de l'arbre obtenue par incision et qui se présente sous forme de larmes ovoïdes blanches réunies par une pâte jaune-rouge. Il présente une odeur de vanille et contient une grande proportion d'acide benzoïque ce qui lui confère un rôle de conservateur. 
Le benjoin de Sumatra possède une odeur peu différente de celle du styrax. 
Cinnamome : lauracée aromatique que l'on trouve à l'état sauvage dans tout le pourtour méditerranéen. 
Cardamome monocotylédone, amome des Indes : sa graine est utilisée comme condiment et fournit une huile essentielle. 
Ciste, Cistus cretius, Cistus cyprius, Cistus ladanifera : l'arbrisseau pousse en Crète, à Chypre, en Corse. On en récolte la résine sur la barbe des chèvres ou à l'aide de lanières de cuir. La résine est dite labdanum ou ladanum. L'odeur est balsamique, très suave. 
Costus, Costus arabicus : ses racines ont une odeur très forte. On utilise le costus arabique ou indien ou syriaque qui fournit une huile essentielle utilisée comme fixateur. 
Myrrhe, Balsamodendron myrrha : l'arbre, rabougri, pousse aux frontières de l'Arabie et de la Nubie. La sève coule librement de l'arbre et se solidifie par dessiccation. Elle forme une masse brun-rouge de la taille d'une noisette ou d'un oeuf. Elle contient 2 à 10 % d'une huile essentielle riche en aldéhyde cuminique, en eugénol et en pinène, le reste est constitué par une résine et une gomme peu volatiles. 
Myrte : il s'agit d'un arbrisseau méditerranéen dont on distille les fleurs et les feuilles pour obtenir une eau florale « l'eau d'ange » et une huile essentielle peu différente des essences de niaouli ou d'eucalyptus. À ne pas confondre avec le myrte épineux, plus souvent nommé fragon ou petit houx, sans parfum particulier et dont on commercialise un extrait. 
Mousses de chêne, de cèdre, de pin : ce sont des lichens qui poussent sur le tronc des arbres et dont on extrait par solvant des absolues riches de plus de 80 composants, d'odeur assez lourde, servant de fixateurs. 
Nard : le nard indien est obtenu à partir de la racine d'une valérianacée du Népal, Valeriana yatamensi, qui possède une odeur forte et agréable. 
Le nard celtique provient également de la racine d'une valérianacée. 
Le nard a été très utilisé dans l'Antiquité à tel point que le terme a servi à désigner le parfum lui-même. 
Opoponax, Pastinaca opoponax : la gomme résine est recueillie sous forme de larmes anguleuses et irrégulières. L'odeur rappelle celle de l'ache et de la myrrhe. 
Oliban, Boswellia carteri : c'est l'autre nom de l'encens. L'arbre pousse en Haute Égypte, en Arabie, en Somalie, en Inde, en Afrique. Il est incisé et la sève coule en larmes blanchâtres qui durcissent en séchant. C'est une oléorésine à base de diterpènes. 
Patchouli, Pogostemon patchouli : la plante pousse en Asie et dans l'île de la Réunion. On obtient une huile essentielle à partir des feuilles et des tiges après fermentation. 
Styrax, Liquidambar orientalis : l'arbre pousse au Proche-Orient. L'oléorésine a la consistance du miel et sa combustion fournit une odeur identique à celle de l'encens. La décoction aqueuse des écorces fournit, après distillation, une huile essentielle. 
Vétiver, Andropogon muricatus. Les racines sont utilisées pour fournir une huile essentielle riche en α et β-vétivone. 
Ylang-ylang, Cananga odorata : l'arbre pousse en Malaisie, dans l'île de la Réunion, à Madagascar. 
L'huile essentielle est obtenue à partir des fleurs. Elle est extrêmement prisée en parfumerie sous le nom d'essence de Cananga. 



Quelques composants synthétiques :



Aldéhydes : en C8, C9, C10, C11, C12, C14 qui possèdent toutes des odeurs florales. 
Lactones : undécalactone à odeur de pêche. 
Esters : acétate d'amyle à odeur de banane, méthyl phényl glycidate d'éthyle à odeur de fraise, benzoate de linalyle à odeur d'orange, anthranylate de méthyle ou 2-aminobenzoic acid methyl ester constituant l'essence de Néroli artificielle. Ce composé se trouve à l'état naturel dans les huiles essentielles de néroli (fleur d'oranger), de bergamote, de jasmin, d'ylang-ylang... 



Quelques formules :
Eau de Cologne :
Dissoudre dans l'alcool les huiles essentielles suivantes : essences de bergamote, cédrat, citron, lavande, romarin, thym, néroli. 
Ajouter eau de mélisse et eau de fleur d'oranger.



Parfum :
Composition : huiles essentielles de bergamote, absolue de
jasmin, de rose de Bulgarie, de sauge sclarée, ambréine, infusions
de benjoin, d’encens, vétyvérol, santalol, rhodinol, alcool
cinnamique, héliotropine, vanilline, méthylionone, infusion
d’ambre.
Ce mélange est dissous dans l’alcool à 96 % dans les
proportions de 1 partie pour 4 parties d’alcool. On obtient
ainsi « l’extrait » que le public nomme généralement
« parfum ».
N.B. La profession définit en 1998 sept grandes familles
d’odeurs incluant parfums féminins et masculins : hespéridée,
florale, fougère, chypre, boisée, ambrée, cuir.

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